Le Cosmoclub : repenser les élections européennes.

La Conférence sur l’avenir de l’Europe a 12 mois pour envisager de réformer l’UE. Cela pourrait-il aussi regarder le mode d’élection des députés européens ? S’ils sont élus partout au suffrage universel direct et à la proportionnelle depuis 1979, les élections européennes restent une affaire nationale à la main des Etats et on vote ainsi à des âges différents selon les pays, à des jours différents, selon des modes de scrutins différents dans le détail, avec des découpages de circonscriptions différents, avec des bulletins différents où figurent des logos différents, dans le cadre surtout de débat différents qui restent, hélas, le plus souvent centrés sur des enjeux nationaux… Comment rapprocher ce parlement des citoyens européens ? Comment leur permettre de davantage s’identifier à ses représentants, de s’intéresser à ce qu’ils font, à l’impact de leur action comme à leurs prérogatives ? En somme, comment européaniser les élections européennes ?

Pour en parler, le Cosmoclub de Cosmocène reçoit Christine Verger, vice-présidente de l’institut Jacques Delors, Pierre Jouvenat, de L’Union des fédéralistes européens – France (UEF-France), et Olivier Costa, directeur de recherche au CNRS à Sciences Po Bordeaux et Directeur des études politiques au Collège d’Europe à Bruges.

Démocratie : on innove au Parlement bruxellois ! Les commissions délibératives, par Magali Plovie.

Magali Plovie est la Présidente du Parlement francophone bruxellois (COCOF). Elle a été à l’initiative de la création des commissions délibératives qui sont devenues un instrument institutionnel au service du Parlement bruxellois et qui commenceront leur activité cette année.

Ces commissions mixtes sont composées de députés et de citoyens tirés au sort, elles se réuniront trois fois par an pour délibérer sur des sujets précis proposées par des députés ou par des citoyens via des suggestions citoyennes.

Cette innovation démocratique sera-t-elle un moyen efficace de guérir de la fatigue démocratique qu’on constate ici et là et de combler les limites de la démocratie représentative en introduisant un mécanisme permanent d’implication citoyenne dans le processus législatif ?

Le Cosmoclub : Quel avenir pour la Conférence sur l’avenir de l’Europe ?

Les travaux de la Conférence sur l’avenir de l’Europe viennent officiellement de débuter alors que la réunion constitutive de son comité exécutif s’est tenue le 24 mars 2021. La conférence se donne 12 mois pour envisager de réformer l’UE autour de diverses priorités tout en se faisant la plus « inclusive » possible et en impliquant les citoyens à l’exercice.

Sa gouvernance se révèle toutefois plutôt complexe, sa méthodologie reste encore largement à définir comme les outils qui permettront la participation citoyenne. La question se pose donc de savoir si et comment la conférence sera l’occasion de procéder aux réformes qu’elle se propose de suggérer.

Pour en parler, le Cosmoclub de Cosmocène reçoit Francesca Ratti, co-présidente de l’association transnationale CIVICO Europa, Karine Caunes, rédactrice en chef de la revue European Law Journal, et Alberto Alemanno, professeur titulaire de la Chaire Jean Monnet en droit de l’Union européenne à HEC Paris et fondateur de The Good Lobby.

La politique régionale européenne, une politique d’avenir. Par Younous Omarjee.

Entretien Cosmocène avec Younous Omarjee, député européen (groupe de la Gauche) et président de la commission du développement régional du Parlement européen. L’entretien explore la politique régionale dite « politique de cohésion économique, sociale et territoriale » selon le traité de Lisbonne, qui est loin de se limiter à la seule solidarité pour mettre en œuvre la convergence entre région européennes.

C’est une politique d’avenir, qui désormais pèse autant que la PAC, et permet de garantir la compétitivité des régions et d’orienter le développement en fonction d’objectifs communs.

Encore faut-il toutefois veiller à ce qu’elle ne soit pas renationalisée et que les acteurs locaux soient impliqués !

Le Cosmoclub : la promesse Draghi

Cosmocène inaugure un nouveau format en forme de salon, le Cosmoclub. Au programme : les promesses du nouveau gouvernement italien conduit par Mario Draghi, dont tout le monde semble en Italie s’accorder à dire qu’il est l’homme providentiel pour réformer l’Italie et la sortir de la crise, pandémique et économique. Super Mario a par le passé sauvé l’euro et l’UE avec, parviendra-t-il à sauver l’Italie ? Le nouveau président du Conseil semble pour l’heure faire l’unanimité, mais les attentes sont considérables voire démesurées, ainsi que l’ampleur de la tâche qui l’attend, or la majorité sur laquelle il s’appuie est plus que baroque. Quel rôle pourra-t-il jouer dans ces conditions pour l’Italie mais aussi pour l’UE ?

Nous en parlons avec Jérôme Gautheret, journaliste, correspondant à Rome du journal Le Monde, Caterina Avanza, Conseillère politique du groupe Renew au Parlement européen pour la délégation francaise et membre de la direction nationale du Parti démocrate italien, et Francesco Saraceno, économiste, directeur adjoint du département des études de L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Comment faire rentrer le 21e siècle dans l’école ? Avec Edouard Gaudot.

Edouard Gaudot vient de publier chez Actes Sud en France, « Dessine-moi un avenir – Plaidoyer pour faire entrer le 21ème siècle dans l’école » qu’il a coécrit avec Rodrigo Arénas et Nathalie Laville. https://www.actes-sud.fr/catalogue/sc

Ce livre politique analyse les raisons du problème scolaire en France en se penchant non sur la question des moyens, du comment, mais plutôt sur celle du pourquoi, celle donc de la mission à redéfinir pour l’école de notre siècle qui se confronte à une « crise de la conscience scolaire ». Les auteurs évoquent trois pistes à suivre pour l’école du XXIes : le vivant, le numérique, l’interdépendance.

La question comme ces recommandations sont loin de ne regarder que la France. Elles intéressent toute l’Europe, puisqu’il s’agit, en substance, de permettre aux communautés éducatives d’accompagner la transition numérique et écologique sans se contenter de les subir.

Valéry Giscard d’Estaing est donc mort hier des suites du Covid-19. L’Europe perd un grand européen, et la France un autre de ses anciens présidents à un an d’intervalle de la mort de celui qui fut son grand rival politique.

C’est un homme de paradoxes qui disparaît après une très longue vie consacrée à la politique nationale et européenne. Une longue vie expose à l’évolution du jugement de ses contemporains, et Giscard aura été évalué et compris différemment en fonction des époques, parfois mal, ce qui pose aussi la question du timing pour un homme dont la carrière en a peut-être manqué, arrivant en France un peu trop tôt, et en Europe un peu trop tard.

C’est aussi qu’il est difficile de faire rentrer ce centriste libéral pro-européen dans les cases préconçues de l’analyse politique à la française. Trop à gauche pour la droite, pas suffisamment tricolore, beaucoup trop européen, beaucoup trop « moderne » et libéral politiquement, pas assez économiquement (pour Chirac), trop à droite pour la gauche, trop rigoriste, trop grand bourgeois ringard et distant, trop libéral économiquement, trop pré-thatchérien etc. La France n’est certes pas un pays de centre, ou ne se perçoit pas comme telle plutôt. Giscard aurait fait fureur dans la démocratie chrétienne en Italie, pays où il est d’ailleurs apprécié. Il sera regretté différemment au dehors et au dedans. Sans doute critiqué exagérément en France, et loué peut-être tout aussi exagérément en Europe.

VGE aura été un jeune président d’une République encore largement gaulliste, nationalo-centrée, étatiste et conservatrice, et son bilan sera sans doute réévalué avec le temps. Malgré ses diamants qui ont été complaisamment astiqués par son opposition, il a pourtant peu de cadavres dans son placard à l’échelle de la concurrence, certes de haut vol à cet égard, de ses homologues de la Ve. Mais il aura surtout contribué, incontestablement, à faire entrer la France dans la modernité et évoluer sur le plan sociétal avec des réformes majeures, un comble pour ce Kennedy aux allures de hoberau de province, tout en menant une politique d’ouverture internationale et européenne en particulier avec Schmidt, le couple franco-allemand prenait son envol. On lui doit les inventions de l’ancêtre du G7 et du Conseil européen, qui montrent son activisme international visionnaire et son prisme multilatéral dans lequel il voyait les Etats comme des acteurs majeurs, y compris dans l’UE, dont il a toujours eu au fond une vision confédérale.

Poursuivant une carrière à rebours, l’ancien président à la particule fantaisiste et au style si poudré n’hésitera pourtant pas à redevenir simple député national puis européen, président de Conseil régional aussi. D’autres ex n’ont pas cette forme de simplicité même si leur style se veut plus « peuple » (mais sans accordéon).Il sera ensuite devenu un vieux président de la Convention sur l’avenir de l’Europe, ménageant la chèvre fédérale et le chou intergouvernemental, accouchant dans cette ambiguïté mal communiquée d’un échec sanctionné par son propre pays qui découvrait, incrédule, la possibilité d’une Europe politique sans savoir quelle forme vraiment elle devrait prendre. Mais VGE avait-il lui même les idées au clair sur la question ?

Malgré cet échec, il continuera son activisme européen en se faisant le défenseur d’un noyau européen de pays plus intégrés en étant favorable à l’union fiscale, mais sans jamais pourtant parvenir à penser la solution en termes fédéraux.

VGE aura une postérité, le temps fera son œuvre, et elle sera très vraisemblablement davantage européenne que nationale. Il se peut d’ailleurs qu’il ne soit pas le seul président de la Ve à subir ce sort.

(crédits photo © European Union 2014 – EP)

La revue Le Grand Continent, une plateforme de « fracking culturel » européen ? Par Gilles Gressani.

La revue Le Grand Continent et le Groupe d’Etudes Géopolitiques (GEG), qui en est à l’origine, datent respectivement de 2017 et 2019. Malgré ce jeune âge, ses créateurs occupent déjà une place enviable dans l’espace informationnel et d’analyse sur les questions relatives aux relations internationales et à l’Europe. Leurs productions sont en croissance constante et ils attirent des contributeurs d’envergure ainsi que des lecteurs exigeants à l’échelle internationale.

Gilles Gressani est le co-fondateur du Grand Continent et il nous raconte ici l’histoire de l’aventure qui a mené à ces créations en réunissant à l’origine un groupe d’étudiants qui aujourd’hui jouent dans la cour des grands. Leur succès tient à l’écosystème hybride qu’ils ont bâti en forme de plateforme, qui se propose d’aller puiser la valeur là où elle se trouve en Europe pour la collecter dans un même espace. Ils contribuent ainsi à la réflexion et à l’échange sur l’objet Europe en regardant au-delà des frontières entre disciplines, entre langues et appartenances idéologiques, limites nationales et européennes, en combattant les réflexes bureaucratiques et les logiques de cloisonnement, en privilégiant donc toujours la transversalité dans les méthodes comme dans l’approche.

Télétravail : « il faut rompre avec la charade du présentéisme », par Laetitia VITAUD.

Cosmocène se penche cette semaine sur le monde du travail avec Laetitia Vitaud, experte du futur du travail.

Il s’agit de s’intéresser à un aspect de la transition numérique à l’oeuvre qui a pour conséquence la diffusion constatée du télétravail. Il concerne un nombre important de travailleurs partout en Europe, même s’il est variable selon les pays et leur niveau de développement.

L’épidémie impose ses contraintes et elle en favorise considérablement le développement. Pourtant, la transition a commencé avant elle, la Covid n’est sans doute qu’un accélérateur d’une évolution qui s’annonce durable. Aussi est-il nécessaire de comprendre les modalités et les effets du télétravail, effets qui peuvent être positifs pour les organisations comme les individus, mais aussi négatifs, d’autant que nous ne sommes pas égaux devant le télétravail qui est là pour durer.

« Ce Brexit est une entreprise masochiste », par Marion Van Renterghem.

Où en est la négociation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne alors que la date butoir du 31 décembre se rapproche (date de fin convenue dans le cadre de l’accord de retrait de la fin de la période de transition) ? En l’état, il semble que tout reste encore à faire. Marion Van Renterghem, grand reporter, lauréate du prix Albert-Londres et du prix de journalisme européen Louise-Weiss, nous explique ici ce qu’il faut en penser en détaillant les difficultés rencontrées lors de cette négociation qui révèle aussi des méthodes et des approches singulièrement différentes voire… opposées.

Le Brexit a beau avoir eu lieu, les conditions des relations entre les deux parties hier réunies dans l’Union ne présagent rien de bon. Il se peut en définitive que la menace réelle de désunion ne pèse non pas sur l’unité de l’UE, mais sur celle du Royaume de moins en moins uni.